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Premier sillon

La société nous l’avons créée à Oruro et nous avons construit sur place une unité de transformation du quinoa, avec une écorceuse, une épierreuse, une laveuse, une centrifugeuse, une sécheuse, une trieuse et une ensacheuse. Le terrain a été acheté à une communauté villageoise et nous nous sommes engagés en parallèle, à soutenir financièrement l’électrification et l’alimentation en eau potable du village. Notre première récolte dans ce cadre nouveau a été faite durant l’été 1997. Je me souviens de notre attente, de cette impression que j’avais d’avoir enfin tenu parole à Adèla. Dorénavant c’est à sa famille et tous leurs amis aymaras qui plantaient le quinoa, que nous allions l’acheter directement, sans intermédiaires pour leur voler leurs forces.

Mais il y avait une épreuve de plus à laquelle nous ne nous attendions pas… Après 4 semaines et demie de voyage, le contenu des containers est arrivé avarié en septembre. Les graines n’avaient pas été séchées suffisamment au départ. J’ai failli tout abandonner ce jour-là. Lorsque j’y repense, cette épouvantable odeur de moisi me remonte à la gorge. Si je n’avais pas pensé aux yeux de ces Indiens qui m’avaient accordé, au-delà de leur confiance, leur amitié, j’aurais jeté l’éponge, abandonné cette histoire de fou. Mais il y avait ces années qui ont fait de moi un autre homme, un homme capable de saisir l’importance de la géobiologie. Une petite voix me répétait que depuis des générations des hommes s’étaient battus contre les vents et les tempêtes pour que la graine sacrée existe, pour que l’humanité ne perde pas cette richesse de la nature. Qui peut s’arroger le droit de tuer un espoir ? Abandonner, c’était trahir ces peuples des Andes et trahir leur foi en la terre…

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